L’article suivant écrit par Anne-bénédicte Hoffner est paru dans le journal La Croix dans son édition du week-end de Pentecôte 2013


Pour « rendre visible ce qui reste pour la plupart des gens invisible », à savoir la douleur d’avoir perdu un bébé avant ou autour de sa naissance. C’est dans ce but qu’un collectif d’associations – dont l’une, Agapa, est chrétienne – a organisé samedi 4 mai, sur le parvis de la mairie du 14e arrondissement à Paris, l’opération « Une fleur, une vie ».

Des quatre coins de France, des centaines de familles ont pu réserver une fleur via Internet et composer ensemble un immense bouquet en mémoire de leurs enfants trop tôt disparus. Celles qui le voulaient ont pu aussi inscrire leurs prénoms sur des pétales réunis en un tableau… Un spectacle pour les enfants devait aider les frères et sœurs à mettre eux aussi des mots sur ces deuils si particuliers.

Déjà très active dans l’accompagnement individuel des personnes touchées par ce drame, l’association Agapa – qui se définit comme « lieu d’accueil chrétien ouvert à toute personne, dans le respect de son identité et de ses convictions » – a choisi de participer à l’événement. « Elle correspond à notre désir d’être dans le monde, de faire des choses avec d’autres, éventuellement différents mais dans le respect et dans un souci d’enrichissement mutuel », observe Guillemette Porta, l’une de ses responsables. Quant au symbole du bouquet – qui évoque à la fois la vie, l’espérance –, au souci de rassembler les familles, de leur permettre de s’épauler, ils résonnent avec l’objectif du parcours Agapa : aider les familles à trouver la « juste place » à donner à ces vies trop courtes.

 

« Pour opérer cette traversée, nous ne sommes jamais seuls »

Le projet est né à la suite de la réunion à Paris en 2011 de plusieurs associations et professionnels concernés par le deuil périnatal. Constatant le besoin de reconnaissance des familles qu’elles soutiennent, mais aussi de sensibiliser le public, elles ont eu l’idée de cette cérémonie, en pleine vogue des « flash mob ». Le collectif Une fleur, une vie s’est alors constitué. « Au-delà de cette rencontre entre nous, nous avions envie de construire quelque chose ensemble. Créer du rituel là où il n’y en a pas eu est une façon d’honorer ces petites vies »,explique Élisabeth Martineau, auteur d’un ouvrage sur le sujet (1).

Car perdre un bébé pendant sa grossesse ou autour de l’accouchement est déjà une grande souffrance, parfois doublée de culpabilité ou de colère… « Mais à cette douleur se surajoute la souffrance de voir qu’elle n’est pas reconnue, que ce soit par le personnel médical ou par l’entourage », constate Guillemette Porta.

« Au travers de cette journée, avec ses symboles et les rencontres qu’elle occasionnera, nous voudrions montrer à ces familles qu’elles peuvent s’écrouler mais que, au cœur de cette douleur, il y a la vie. Pour d’autres familles, la vie a repris. Malgré tout, il faut croire que c’est possible et que pour opérer cette traversée, nous ne sommes jamais seuls. Comme catholiques, nous le savons bien. »

 

• Voir l’article sur le site de la-croix.fr
(1) Surmonter la mort de l’enfant attendu (Lyon, Chronique sociale, 2008)

No comments so far.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Website Field Is Optional