Jehanne Vion, art-thérapeute, animera un atelier de tissage avec sa collègue Emmanuelle. Elle nous livre ici quelques mots sur cette proposition.
L’entre, l’intervalle, l’écart … entre ces deux portes : une existence à part entière ou entièrement à part … Mais quand cette existence fut si courte qu’il est difficile de trouver du sens nous sommes confrontés à l’absurdité de la vie. Et pourtant, si petite soit-elle, la vie vaut la peine d’être vécue, pour les liens que l’on y tisse.
Tout ce que nous vivons en vaut la peine parce que nous le partageons sincèrement avec les personnes que nous aimons. Celles avec qui nous tissons des liens.
C’est aussi, ce qu’il peut manquer dans le deuil d’un enfant « mort avant de n’Être » : il compte peu pour tous ceux qui n’ont pas tissé de lien avec lui. Les proches sont touchés par ce que nous vivons mais n’ont pas ce fil qui les relie à cet enfant-là. C’est « intra muros », dans l’antre maternelle, qu’il a commencé son filage d’abord avec sa mère, son père et sa fratrie, parfois une grand-mère ou une amie ont senti un petit pied leur tendre un « fil de soi » … si difficile encore à saisir.
Et les parents endeuillés se rattrapent à ces fils si fins si peu nombreux pour tisser leurs souvenirs et panser leurs peines …
Lors de cette journée du 13 mai 2017, à l’occasion d’Une fleur Une vie, par une création commune nous tenterons de créer du lien. Les liens qui nous manquent, les liens qui nous maintiennent, les liens que nous créons.
Parce qu’il me semble important dans cet « entre » du deuil, de tisser un lien entre la vie et la mort, pour tisser notre vie qui est cette jonction entre notre naissance et notre mort, pour tisser des liens entre nos vies, qui feront vibrer un peu plus vos fils et ceux de vos tous petits à travers un tissage collectif.
Ce sera l’occasion pour les fratries, pour les grands parents, pour les amis de venir tisser un lien avec cet enfant-là parti trop vite.
Pour les parents endeuillés de tisser un lien avec leur entourage et avec d’autres parents.
Pour les accompagnants et écoutants de tisser un lien avec les histoires singulières s’inscrivant dans l’histoire de l’humanité et témoignant de souffrances parfois restées sourdes.
Notre tissage commun se composera de nos envies et besoins de faire ensemble, de son coté, un peu ou beaucoup, un fil, une pelote, un nœud, une forme, une perle … apportez vos tissus, couleurs, fils ou saisissez-vous des liens que nous vous tendrons.